»Migrants sans noms », un récit d’exil de Tawfiq Belfadel

ALGER – « Migrants sans noms », un récit de fiction sur l’émigration clandestine de Tawfiq Belfadel, est un recueil de témoignages poignants de candidats à cette aventure, déterminés à fuir une réalité intenable et inacceptable dans leur pays d’origine.

Paru récemment aux éditions Casbah, ce récit de 70 pages s’intéresse à l’aventure de huit candidats, issus de pays africains, qui se racontent leurs histoires et leurs expériences de vie sur la barque qui devra les emmener vers l’autre rive de la Méditerranée, dans l’espoir de trouver un territoire plus « accueillant ».

A travers des récits concis, les migrants se racontent leurs expériences singulières qui, malgré la différence de leurs statuts, se ressemblent et se croisent sur cette embarcation surnommée Hayat, qui se dirige vers la rive du Nord.

Médecin au chômage, femme divorcée, un jeune injustement incarcéré ou encore un réfugié qui a fui les violences et l’instabilité sécuritaire dans son pays pour s’installer en Europe, partagent désormais sur cette embarcation un destin et un objectif communs.

Les personnages confient également les conditions insoutenables qui ont déterminé leur décision de conquérir d’autres territoires plus « cléments ».

Autre exemple édifiant dans cette embarcation, l’histoire de ce riche commerçant, quittant sa ville et son pays avec beaucoup de regrets à la recherche du bonheur et d’une meilleure qualité de vie, fuyant une situation de fragilité sociale et culturelle.

Alternant réalisme et fiction, l’auteur raconte les souffrances de ces migrants, qui ont pris leur destin en main, dressant un constat amer sur les maux qui rongent leurs pays, devenu un  »repoussoir » pour ses habitants, livrés au désespoir et tentés par les barques de fortune.

L’injustice, la corruption, l’exclusion, la xénophobie et le racisme ou encore la dégradation du cadre de vie en général motivent plus d’un parmi ces migrants qui se livrent, les uns aux autres, dans une sorte de dialogue qui meuble le silence de la mer durant le périple.

Derrière les histoires de ces migrants, c’est surtout la fragilité de la situation et les besoins de reconnaissance, d’assistance, d’acceptation que les personnages expriment dans des mots de mélancolie.

Enseignant de français, spécialisé en civilisations et littératures francophones, Tawfiq Belfadel, 31 ans, a publié en 2017 un recueil de nouvelles « Sisyphe en Algérie ». En 2018, il décroche à Abidjan (Côte d’Ivoire) le Premier prix du Concours international de la poésie « La Différence » pour son poème intitulé « Le pont des mots ».