Blida: ambitieuse, Fella défie son handicap et entame une nouvelle vie

BLIDA – Fella Hadi, une jeune fille d’à peine 18 printemps qui a perdu la vue, suite à une blessure par balle perdue d’un fusil de chasse, lors du mariage de son frère, a décidé, deux ans après cet accident de reprendre une vie normale, renouer avec les études et réaliser ses rêves défiant ainsi son handicap.

Refusant de céder au désespoir et de se laisser-aller, Fella l’enfant de Béni Tamou, a décidé de se prendre en main et d’oublier ce drame, et de défier son handicap armé de courage et de détermination à atteindre ces objectifs dans la vie.

Rencontrée par l’APS à la veille de la célébration de la journée nationale des personnes aux besoins spécifiques, Fella a bien voulu revenir sur cet accident qui a changé le cours de sa vie et celui de sa famille.

La date de 25 septembre 2018 restera gravée dans la mémoire de cette famille. Un jour de fête se transforme en drame suite à la blessure de leur cadette par une balle perdue reçue en plein œil. Blessure qui l’a plongée dans un coma de 11 jours duquel elle sortira aveugle, se souvient-elle.

Fella raconte ensuite ses voyages en Espagne et en Turquie pour des soins dans l’espoir de retrouver la vue, avant d’être confrontée à la dure réalité lorsque les médecins lui ont expliqué que son handicap est irréversible.

De retour en Algérie, sa famille a été aux petits soins avec elle pour la soutenir et l’aider à accepter son handicap, en s’appliquant à satisfaire tous ses besoins notamment pour ses déplacements, nourriture, habillement, une assistance qu’elle a refusé voulant retrouver son autonomie et compter sur elle même car pour elle perdre la vue ne signifie pas perdre la vie.

Se remettre du drame et entamer une nouvelle vie

Armée d’espoir et d’une grande détermination, en dépit de son jeune âge, Fella a fini par accepter sa nouvelle situation et s’y est adaptée, entamant une nouvelle étape dans sa voie en s’inscrivant à l’école des handicapés visuels de la commune d’Oule Yaich, pour y étudier pendant 8 mois.

Elle a ensuite rejoint le club sportif amateur des non voyants de Boufarik (nord de Blida), qui a été pour elle une porte d’espoir ouverte suite à sa rencontre avec le président de ce club, Djamel Missoum, lui aussi non voyant depuis 40 ans et qui a perdu la vue à l’âge de 14 ans suite à une intervention chirurgicale délicate au cerveau.

« Aami Djamel », comme elle aime l’appeler et dont l’histoire ressemble à celle de Fella, a été pour elle le psychologue qui a su panser ses blessures qu’elle s’appliquait à cacher à sa famille pour ne pas rajouter à leur drame de voir leur cadette devenue non voyante.

Fella, qui a exprimé sa joie de rejoindre ce club pour se faire de nouveaux amis, a indiqué que M. Missoum, l’a aidé à apprendre le braille et l’a orienté pour l’achat d’un téléphone portable doté d’une application spéciale pour les handicapés visuels et qui lui permet d’écouter les contenus publiés sur la toile.

Cette application, lui a permis d’ouvrir une page sur le réseau social Facebook qu’elle a intitulé « Changement de ma vie après l’accident » pour partager son expérience. Une page qu’elle utilise pour semer l’espoir dans les cœurs des personnes souffrant de handicaps et qui ont perdu goût à la vie.

Fella, qui n’a pas renoncé à son rêve de devenir animatrice radio, a repris ses études interrompues suite à l’accident alors qu’elle était en 2eme années secondaire, en recourant au cours par correspondance, aidée dans son parcours par ses deux sœurs et sa belle-sœur.

Ambitieuse, elle s’est aussi inscrite au centre d’enseignement intensif de l’Université Saad Dahleb de Blida, pour apprendre la langue française et mieux s’armer pour réaliser son rêve.

Dans une déclaration à l’APS, M. Missoum a souligné qu’il est « impressionné » par la détermination de Fella pour concrétiser ses rêves.

Fella, la courageuse, a décidé de dépasser son handicap et de mettre toutes les chances de son côté pour s’affirmer dans le domaine de la presse, et devenir un exemple à suivre appelant à se comporter normalement avec les personnes aux besoins spécifiques et à ne pas les traiter avec pitié.