Maroc : le « non-procès » de l’historien marocain Maâti Monjib

Maâti Monjib

Arrêté en décembre dernier puis, condamné par contumace à la fin du mois de janvier suivant, l’affaire de l’historien marocain Maâti Monjib suscite l’indignation de nombreuses organisations de défense des droits humains au Maroc et à l’étranger.

De nombreux journalistes et intellectuels, tels que, Edwy Plenel, fondateur de ​Mediapart, l’historien français, professeur Emérite d’Université, René Gallissot​, ou encore l’ancien directeur du bureau de l’AFP à Rabat, ont constitué un comité de soutien à l’historien marocain Maâti Monjib et tous les détenus politiques et d’opinion au Maroc.

A travers des tribunes et des communiqués publiés, notamment, dans la presse française, les membres de ce comité se disent « scandalisés » et dénoncent « des arrestations et mises en détention injustifiées » à l’exemple de celle de l’historien et Professeur Maâti Monjib.

Le Comité de soutien est allé jusqu’à interpeller le Président français Emanuel Macron, sur le cas de Maâti Monjib, puisque l’historien possède également la nationalité française. Des procédures ont également été lancées auprès d’instances internationales telles que, le Groupe de travail sur la détention arbitraire de l’ONU, la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP) et plusieurs institutions européennes.

Présenté devant un juge, jugé par un autre

Ce comité procure également un appui à la défense de l’historien. Me William Bourdon et son cabinet sont chargés de coordonner les actions de la cinquantaine d’avocat mobilisés pour défendre Maâti Monjib.

Détenu depuis le 29 décembre 2020, l’historien marocain Maâti Monjib est condamné par contumace, le 27 janvier 2021, par le tribunal de Rabat. Il écope d’un an de prison ferme, assorti d’une amende de 15000 dirhams, sans présence de ses avocats. Situation insolite puisque, dans le même temps où était prononcée cette sentence, le prévenu était auditionné par le juge d’instruction pour une autre accusation.

Maâti Monjib et les autres…

L’historien n’est pas un cas isolé. Cette affaire Maâti Monjib dévoile un véritable cafouillage judiciaire. Le comité de soutient révèle que « pas moins de six journalistes indépendants ont été condamnés ou poursuivis, en liberté ou en état d’emprisonnement ». Ils citent les cas de Taoufik Bouachrine, Hicham Mansouri, Hajar Raissouni, Soulaiman Raissouni, Omar Radi ou encore Imad Stitou. Le comité s’interroge surtout sur les chefs d’accusation retenus par la justice marocaine. Viol, trafic d’êtres humains, adultère, avortement, escroquerie ou encore blanchiment d’argent.

Pour le comité de soutien aux détenus d’opinion marocains, un fil conducteur relie tous ces dossiers.  » Une volonté manifeste des services de renseignements et des médias à leur solde de faire taire ces voix et de ternir leur image. »

Les membres du Comité de soutien à Maâti Monjib demandent aux autorités marocaines « la libération immédiate de l’historien et des journalistes incarcérés pour leur permettre de préparer leur défense et leur garantir un procès équitable dans le respect de la présomption d’innocence, comme le stipule l’article23 de la Constitution marocaine ».