Le Maroc boycotte la réunion de l’UA et renoue avec la politique de la chaise vide

ADDIS ABEBA – Le Maroc a décliné l’invitation de l’Union africaine (UA) à prendre part à la réunion tenue mardi par le Conseil de paix et de sécurité (CPS) sur le Sahara occidental, renouant ainsi avec la politique de la chaise vide, selon les observateurs.

Malgré toutes les tentatives du Maroc visant à duper les Etats membres pour éviter que la question sahraouie ne soit soulevée et ses manœuvres pour que le quorum ne soit pas atteint, le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a tenu, mardi par visioconférence, une réunion au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement consacrée à l’examen du conflit au Sahara occidental.

En boycottant une réunion cruciale d’une des structures de l’Union africaine, quatre ans après l’adhésion du Maroc à l’organisation panafricaine (2017) et la signature et la ratification de son Acte constitutif, après une absence de 33 ans, la diplomatie marocaine a une nouvelle fois échoué à prouver son sérieux s’agissant de la « rupture avec la politique de la chaise vide », relèvent les observateurs.

Pourtant, son adhésion à l’Union africaine, sans condition ni réserve, la signature de son Acte constitutif par le roi Mohamed VI et la ratification du document à l’unanimité par le Parlement imposent au Maroc, en sa qualité d’Etat membre, de « se soumettre aux exigences, dispositions, principes et objectifs de la charte ».

Selon de nombreux rapports et analyses, l’adhésion du Maroc à l’Union africaine fait suite au « mécontentement » du Renseignement marocain parce qu’un petit groupe au sein des instances de l’UA n’a pas réussi à défendre l’occupation marocaine illégale du Sahara occidental malgré l’énorme contrepartie financière versée par le Maroc.

En effet, en réintégrant l’organisation panafricaine, le souverain marocain a été contraint à prendre part au premier Sommet africain en janvier 2017, assis à quelques mètres de la délégation de la RASD, conduite par le président sahraoui Brahim Ghali.

Pour les analystes, la participation du Maroc aux côtés de la RASD lors du Sommet de 2017 était une « reconnaissance implicite de l’Etat sahraoui qui a réussi à mettre en difficulté le Maroc lors de dizaines de conférences internationales relatives à la collaboration avec les instances onusiennes ou avec l’UA ».

Plusieurs médias ont estimé que la création du mécanisme africain par l’UA afin de contribuer à parvenir à une solution pacifique entre les deux Etats membres de l’Union lors du sommet de Nouakchott, indépendamment des critiques qui lui ont été adressées, est susceptible « d’endiguer » la démarche marocaine visant à faire éloigner l’Organisation africaine et marginaliser son rôle dans le conflit qui se déroule sur une terre d’un Etat africain, de même qu’il a maintenu l’Organisation fidèle à ses principes fondamentaux et responsabilités en soutenant indéfectiblement la lutte du peuple sahraoui.

Plusieurs lectures ont conclu que « la politique des compromis suspicieux et de la chaise occupée et vide à la fois ainsi que l’achat des consciences et le gaspillage des ressources du peuple marocain plongera le Maroc davantage dans le chaos et rapprochera le trône alaouite de la fin et de la déchéance ».