Président Tebboune : l’Algérie n’enverra par ses troupes au Sahel

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a affirmé lundi soir que l’Algérie n’allait pas envoyer ses troupes au Sahel et qu’elle n’était pas disposée à envoyer ses enfants à l’étranger pour se sacrifier pour autrui.

« L’Algérie est une véritable force de frappe en Afrique. Notre armée est forte et nous avons réussi à préserver notre prolongement en Afrique et ailleurs. Il n’est pas question d’envoyer les enfants du peuple pour se sacrifier pour autrui. Cette décision sera prise en cas de besoin de dissuasion », a souligné le Président Tebboune lors d’une entrevue avec des responsables de médias nationaux diffusée lundi soir.

« La France connait très bien la forte influence de l’Algérie en Afrique », a-t-il ajouté, relevant que la « doctrine de l’Algérie repose sur un travail pour assoir la démocratie et aider à l’édification des états ».

Et de souligner « la présence naturelle de l’Algérie est en Afrique, mais cela ne veut pas dire que nous allons nous isoler de l’occident.

Nous sommes une puissance régionale reconnue et des partenaires dans la résolution des crises en Libye et au Mali et ailleurs ».

« L’Algérie n’a jamais usé de son influence en Afrique, ni sur le plan économique ni sur le plan politique », a-t-il dit.

Il a affirmé, par ailleurs, que l’Algérie « se rétablit aujourd’hui à l’intérieur et à l’étranger, sa voix est entendue et reprend ses forces avec le respect dû aux autres sans toutes fois céder, ne serait-ce qu’un iota de ses prérogatives ou de sa souveraineté ».

Sur le volet international, le chef de l’Etat a soutenu que l’Algérie entretenait d’excellentes relations avec les Etats-Unis, l’Union européenne et avec les frères au Golfe, et ce en dépit des divergences dans les vues.

Elle voue toute la sympathie aussi au souverain saoudien, serviteur des deux lieux saints de l’Islam.

Concernant la cause sahraouie, le Président Tebboune a assuré que l’Algérie « n’abandonnera pas la question du Sahara occidental, une question d’ailleurs tranchée en 1989 lors d’une réunion ayant regroupé le souverain marocain Hassan II, le souverain saoudien Fahd Ben Abdelaziz, et l’ancien président Chadli Ben Jdid.

Ils sont convenus, à la demande du roi Hassan II, à ce que la question du Sahara occidental relève des prérogatives de l’ONU et pour une reprise des relations entre les deux pays », allusion faite à la réunion qui a abouti à la création de l’Union du Maghreb Arabe.

Pour ce qui est du Sommet arabe qui devait se tenir à Alger en 2020 et reporté en raison de la pandémie Covid-19, le Président de la République a rappelé que l’Algérie avait fait part de sa pleine disposition à abriter le Sommet, « nous ne voulons pas toutefois risquer la vie des personnes.

Le Sommet est par conséquent reporté jusqu’à la fin de la pandémie »

Le président de la République a appelé au changement des mentalités pour qu’on puisse construire « une Algérie nouvelle », soulignant que « les changements sociétaux entrainent des changements institutionnels », tout en mettant en garde contre les velléités de certaines parties visant à bloquer le changement souhaité par « une contrerévolution ».

« Nul ne peut stopper le cours du changement », a indiqué M. Tebboune lors de son entrevue avec des responsables de médias nationaux, diffusée lundi soir, affirmant que « l’Etat a lancé les changements revendiqués par le peuple algérien, tandis que des personnes limitées à la mentalité sclérosée réclament le changement, tout en refusant eux-mêmes de changer ». « Le développement de l’Etat passe par l’évolution de son peuple », a-t-il soutenu.

Préférant parler sans préjugés, ni arrières pensées, en s’adressant à « des personnes qui tentent de semer le désespoir chez les Algériens », le président de la République a dit que ces personnes constituent « une minorité qui tente d’imposer ses opinions à une majorité silencieuse. Ce sont là, a-t-il poursuivi, des voix des parties étrangères à des fins connues », estimant que « la voix de cette minorité se fera entendre uniquement si elle est au service des intérêts du pays, sans pour autant imposer ses opinions à la majorité ».

« Les changements sociétaux entrainent des changements institutionnels », a-t-il précisé, appelant au « changement des mentalités dans l’administration qui bloque parfois les décisions prises par le Président », jurant de lutter farouchement contre ces comportements.

M. Tebboune a également rappelé la satisfaction, pour la plupart, des revendications du Hirak authentique qui appelait à « un changement institutionnel », affirmant ne ressentir aucune inquiétude quant aux dernières marches dans certaines villes, pendant lesquelles le peuple algérien est sorti pour « rappeler les mêmes revendications » exprimées depuis deux ans.

« Une partie est sortie toutefois pour d’autres raisons qui ne sont pas toutes en phase avec les revendications du Hirak authentique », a-t-il noté, estimant que le slogan appelant à « une gouvernance civile » n’a pas changé depuis 15 ans ».

« Le régime algérien est bien défini aujourd’hui. Le peuple algérien est sorti dans les rues et nous avons réalisé ses revendications. Le peuple a choisi les élections et préféré un changement institutionnel », a fait savoir le Président Tebboune, assurant que « quelles que soient les revendications, pour moi ceux qui se sont rendus aux urnes lors de la présidentielle pour sauver la République sont 10 millions d’Algériens ».

D’autre part, le chef de l’Etat a affirmé que l’Armée nationale populaire (ANP) « a atteint un niveau de professionnalisme qui la tient à l’écart de la politique. C’est une armée disciplinée qui applique les instructions du Président de la République, Chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale ».

« L’ANP est mon plus fort soutien. Elle protège la patrie, la Constitution et les frontières, et sans elle, les terroristes auraient pu infiltrer les marches populaires », a soutenu le Président Tebboune, expliquant que « Ce sont l’Armée et les services de la sécurité qui veillent à protéger le peuple pour qu’il puisse s’exprimer librement ».

Après avoir battu en brèche les rumeurs colportées contre sa personne, notamment celles en lien avec son état de santé et sa prétendue démission, le président de la République a nié avoir un conflit avec l’institution militaire, affirmant qu’il ne décevra pas le peuple qui a placé sa confiance en sa personne. Il a également précisé que ces rumeurs avaient pour source des sites électroniques dans un pays voisin diffusant depuis l’Europe.

Evoquant le dernier remaniement ministériel partiel, le chef de l’Etat a rappelé qu’il n’a pas voulu opérer un changement total du Gouvernement « par respect au peuple », ajoutant qu’un changement profond du Gouvernement interviendra après les prochaines élections législatives, « en fonction de l’issue de ces échéances ».

Et de rappeler que le remaniement ministériel partiel a ciblé certains secteurs dont les actions « n’ont pas donné les résultats escomptés sur le terrain, notamment en ce qui a trait à la vie quotidienne des citoyens », précisant que 70% des projets qu’ils a ordonnés dans les zones d’ombre et enclavées « concernent des problèmes de raccordement au réseau d’alimentation en eau potable, et vu que le ministère des Ressources en eau n’avait pas agit, il était plus que nécessaire de changer le ministre, de même pour les secteurs de l’Energie et de l’Industrie, d’autant que nous avons adopté une nouvelle politique d’industrialisation qui n’a pas donné ses fruits ».

 Les prochaines élections ne ressembleront en rien à celles du passé

Concernant les prochaines échéances, le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune n’a pas écarté l’éventualité d’organiser les élections législatives et locales à la même date, estimant qu’il s’agit d’une « revendication légitime » de la classe politique.

Evoquant la grâce présidentielle décrétée dernièrement au profit de certains détenus, le chef de l’Etat a indiqué que cette décision « a été prise en position de force », partant du principe de « la promotion du pardon », ajoutant « il fallait prendre des décisions à l’encontre de ceux qui ont été placés en détention avant la Présidentielle de 2019 ».

Il a estimé dans ce sillage que « le nombre des détenus d’opinion ne dépasse pas deux ou trois, alors que la majorité des personnes libérées sont inculpés pour diffamation et outrage à l’encontre des institutions », appelant tous ceux qui veulent prendre part à la gestion des affaires du pays à participer aux prochaines échéances.

Il a en outre assuré que les prochaines élections « ne ressembleront en rien à celles du passé », lesquelles, a-t- il dit, seront organisées loin de « l’argent, sale ou pas », estimant que le taux de participation « n’aura aucun impact sur les résultats de ces élections étant donné que de telles échéances ne réalisent pas de forts taux de participation à travers le monde ».

Indiquant que l’argent sale « ronge encore la société et dont l’ampleur sera révélé au grand jour grâce aux investigations », le Président de la République a mis en garde contre « une contrerévolution qui recourt à l’argent sale et à des personnes en connivence avec d’autres qui sont détenues », jurant qu’ils « payeront le prix cher » pour leurs actes.

Evoquant l’élection du président du Conseil de la nation, M. Tebboune a précisé qu’en sa qualité de Président de la République, il ne pouvait s’ingérer dans les affaires d’une instance législative, ajoutant qu’il croit en « les équilibres naturels », tandis que « les équilibres artificiels ne durent pas ».

Par ailleurs, le président de la République a mis l’accent sur l’impératif de rationnaliser les dépenses et d’encourager la production et l’investissement nationaux afin de relancer l’économie nationale et d’assurer au pays une situation financière confortable.

En réponse à une question sur le projet du nouveau Code de l’investissement, le Président Tebboune a indiqué que la première mouture « n’a pas encore été présentée, ni au Gouvernement, ni au Conseil des ministres », soulignant que la nouvelle politique de l’investissement « repose sur la suppression de tout ce qui a trait à l’idéologie pour ne maintenir que les aspects purement économiques ».

Concernant les relations entre l’Algérie et la France, le Président de la République, a affirmé qu’elles étaient « bonnes » loin du complexe d’ancien colonisateur, soulignant l’existence de lobbies en France qui cherchent à saper ces relations.

A une question sur le dossier de la Mémoire, le Président Tebboune a fait remarquer que « les bonnes relations de l’Algérie ne sauraient être au détriment de l’Histoire ou de la mémoire ».

Sur le volet international, le chef de l’Etat a soutenu que l’Algérie entretenait d’excellentes relations avec les Etats-Unis, l’Union européenne et avec les pays frères du Golfe, et ce en dépit parfois des divergences dans les vues.

« L’Algérie est une force de frappe en Afrique. Notre armée est forte et nous préserverons notre prolongement stratégique en Afrique ou ailleurs », a-t-il soutenu, soulignant que l’ANP « ne sera pas envoyée à l’étranger », notre mission étant d’ »aider nos voisins à surmonter les étapes difficiles et les crises qu’ils traversent « .

Réitérant la position de l’Algérie vis-à-vis de la cause sahraouie, le Président Tebboune a assuré que l’Algérie « n’abandonnera pas la question du Sahara occidental ».

Pour ce qui est du Sommet arabe qui devait se tenir à Alger en 2020, le Président de la République a souligné que ce « Sommet est reporté jusqu’à la fin de la pandémie ».