présentation à Bejaia du dictionnaire de Toponomie algérienne des lieux habités

BEJAIA – Le Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA) a rendu hommage mercredi à Bejaia au linguiste et sociologue émérite Foudil Chériguen, auteur d’ouvrages et de recherches aussi importantes qu’originales, dont une livraison toute fraîche matérialisée par la publication d’un « dictionnaire de toponymie algérienne des lieux habités ».

L’œuvre est monumentale. Elle comporte 863 pages et répertorie près de 14.000 toponymes, traités et expliqués dans leurs triples segments de toponymie (noms des lieux), d’anthroponomie (noms de personnes) et d’ethnonyme. « Il est d’une importance scientifique et institutionnelle incontestable », a relevé le Secrétaire général du HCA Hachemi Assad qui considère l’auteur comme étant « un pionnier et un chef de file des travaux académiques en onomastique (sciences des noms propres) ».

Pour y parvenir, l’auteur, chercheur notoire de son état à Paris, Alger et Bejaia, y a consacré 30 ans de sa vie. Il a sorti un premier ouvrage sur le même thème en 1993, intitulé « Toponymie des lieux habités » (édition épigraphe), puis l’a consolidé avec

« Les mots des uns, les mots des autres, le français au contact de l’arabe et du berbère » (édition Casbah-2002), relayé ultérieurement par « Les enjeux de la nomination des langues dans l’Algérie contemporaine (Harmattan-3007), suivi d' »essais de sémiotique du nom propre et du texte » (OPU-2008), avant de produire ce dictionnaire qui, pour beaucoup, va constituer une référence académique.

« Les noms des lieux, dont la plupart sont des créations spontanées, sont à la fois des marqueurs de la continuité de l’espace/temps national et des témoins authentiques et irrécusables du patrimoine de ce pays dans la diversité et ses parcours identitaires », opinera Hachemi Assad, qui n’a pas tari d’éloges sur le récipiendaire du jour, estimant qu’il a révélé « les fondamentaux linguistiques et anthropologiques de cette toponymie en mettant en évidence les mécanismes sous-jacents à des faits de dénomination dans un contexte permanent de contact des langues (francisation, arabisation, berbérisation, transcription).

Cet hommage qui a pris l’allure d’une rencontre scientifique, marqué notamment par un débat de haut vol, animé par des experts en linguistique, a donné l’occasion de faire le point sur les avancées de la recherche en langue et culture amazighes. Ce qui n’a pas manqué de ravir le public venu en force à la bibliothèque de lecture de la ville et qui s’est délecté des échanges éclairés des intervenants.

« Je suis empli de bonheur », s’est contenté de commenter Foudil Cheriguen, visiblement heureux de l’ambiance, mais surtout de l’intérêt manifesté par son auditoire au fait, en général, de son parcours et de la discipline de recherche qui l’occupe (toponymie et la linguistique).