Condamnation de Maâti Monjib: une motion de soutien votée à l’université de Tours

TOURS (France) – L’université française de Tours, au sein de laquelle l’historien et défenseur des droits de l’Homme, Maâti Monjib travaillait, a décidé de voter une motion de soutien après sa condamnation à un an de prison ferme par la justice marocaine, ont rapporté les médias.

Le professeur d’Histoire a déjà travaillé au sein du laboratoire CITERES, à l’Université de Tours en 2019. Cette année , il était encore attendu pour travailler au sein d’EMAM (Equipe mondiale arabe et méditerranée sur les mouvements sociaux au Maghreb), mais contre toute attente, le 27 janvier dernier, Monjib a été condamné avec trois autres journalistes à un an de prison ferme par la justice marocaine pour accusations de « fraude » et « atteinte à la sécurité de l’Etat ».

« L’UMR 7324 CITERES, attachée à la protection de la liberté de recherche et d’enseignement, ne peut rester indifférente à ce qui semble être une atteinte grave à l’indépendance académique d’un chercheur (…) et qui de surcroit est militant pour le respect des droits de l’Homme. C’est pourquoi les collègues de CITERS expriment leur solidarité avec le Professeur Monjib », lit-on dans un extrait de la motion de soutien publié sur le site de France3.

Pour la Vice-présidente de l’université de Tours, en charge des Relations internationales et aussi spécialiste de Droit public et de Droits de l’Homme, Colombine Madelaine, « il s’agit clairement d’une instrumentalisation terrifiante. Ce qui se passe est terrible, le Maroc en théorie, est soumis au Pacte international sur les Droits civils et politiques (PIDCP). Tout le monde est choqué, c’est du jamais vu, une violation aussi grossière et patente de garanties de droit à un procès équitable ».

Selon l’avocat français, Vincent Brengarth, du cabinet d’avocats parisien Bourdon, « le procès en question semble loin d’être un modèle », expliquant que « le jugement a été rendu sans qu’il ne soit présent, par contumace, alors qu’il était en prison depuis fin décembre. Il n’y a pas eu de débats contradictoires, les avocats marocains n’ont pas eu accès au dossier ».

« C’est à l’évidence un déni de justice, d’autant plus fort qu’il s’agit d’une personnalité connue pour ses positions en faveur des droits humains. Ce qui fait bien sûr craindre un caractère politique dans la décision qui a été prise », s’est révolté M. Brengarth.

L’ONG Amnesty international a d’ailleurs fait usage du terme « prisonnier d’opinion », à propos de Maâti Monjib et le comité de soutien a obtenu un grand nombre de signatures, informe la même source.

Les avocats français de Maâti Monjib, William Bourdon et Vincent Brengarth, réclament sa mise en liberté « immédiate », puisqu’ils ont été « informés de la dégradation de son état de santé ».

Exilé en France sous le règne de Hassan II, l’historien de 60 ans, souvent qualifié de bête noire des autorités marocaines pour ses ouvrages critiques à propos du pouvoir et de la monarchie, Maâti Monjib est revenu au Maroc mais n’avait pas abandonné son analyse critique. Il avait été, selon les ONG, harcelé et mis sur écoute. Il a été interdit d’enseigner depuis 2015.